
Jean-Philippe Blondel
Nom Prénom : BLONDEL Jean-Philippe
Fonction : Professeur d’anglais
Lieu : Lycée Edouard Herriot – Sainte-Savine
Type : Livre
Genre : Roman
Date de publication : 2011
Pages : 242
Editeur : Buchet-Chastel
Résumé : La G229, c’est ma salle, depuis mes débuts au lycée Edouard Herriot, en 1991. Au départ, elle m’a été accordée parce que personne n’en voulait et qu’elle n’était pas pratique, et aussi parce qu’on m’avait cordialement octroyé 5 heures supplémentaires et l’ensemble des niveaux pour ma première année d’enseignement. En trente-cinq ans, je n’ai pas bougé – mais cette salle, comme toutes les salles de cours, a été densément peuplée, et elle a, elle aussi, ses fantômes. Tous les profs savent l’importance qu’une salle, lorsqu’on en obtient enfin une, peut revêtir. Elle devient comme une seconde maison – notre demeure professionnelle. Notre antre.
Le livre G229 (roman ? récit ? aucun des deux ?), c’est le reflet de ce qui se trame entre un enseignant et ses élèves au cœur d’une salle de cours ; entre un enseignant qui vieillit tandis que les années passent, alors que ses élèves semblent toujours avoir le même âge. Il y a dans ce texte une alternance de chapitres en « on » et de chapitres en « je ». Les chapitres en « on » retracent des expériences qui peuvent être communes à tous les enseignants (« on rit », « on lit », « on écrit », « on manifeste », « on organise un voyage scolaire », « on vieillit » etc…) alors que les chapitres en « je » évoquent des souvenirs très personnels, à propos des thèmes abordés. Comme le dit le premier proviseur, au début du livre : « C’est une institution, l’école. Vous entrez dans un bulldozer. Il faut arriver à en devenir membre sans perdre son individualité. Ce n’est pas aussi facile qu’on le croit, vous verrez. Le on et le je. Réfléchissez-y. Bonne chance ! »
Prix littéraires pour ce livre : Prix Virgin-Version Fémina
Ce qui l’inspire : Ce qui a inspiré ce roman, ce sont avant tout tous ces êtres humains que l’on croise dans un établissement scolaire et qui peuplent nos existences d’enseignants – les élèves, avant tout, bien sûr, mais aussi les collègues, les membres de l’administration, les AVS, les agents, les parents…Un établissement scolaire, c’est avant tout un bouillonnement de vie et c’est ce bouillonnement qui a fait naître ce livre.
Littérairement, le déclic est venu à la lecture de Les Années de Annie Ernaux, avec cette narration en « on » qui racontait l’histoire de générations de femmes et du combat qu’elles avaient mené pour leurs droits. Au fur et à mesure de la lecture, je me suis dit que ce que vivaient les enseignants, au fond, c’était un écartèlement entre le « on » de l’institution, qui nous enjoint à suivre un certain nombre de règles et à faire partie du fameux "corps » enseignant, et le « je » de l’expérience individuelle – et je me suis tout de suite rappelé ce que m’avait glissé le premier proviseur que j’avais rencontré en tant que professeur, à mon arrivée au lycée en 1991 : le « on » et le « je », justement. Cette distinction plus fine et plus subtile qu’elle n’y paraît.
Celles et ceux qui ont inspiré ce livre, enfin, ce sont aussi les élèves disparus tragiquement – dans des carambolages de voitures au retour des Eurockéennes de Belfort, ou sur des routes corses ; dans des accidents de la vie aussi (en jouant par exemple sur un étang dont la glace n’était pas aussi ferme qu’ils le pensaient) ou à la suite de maladies. Leurs fantômes peuplent la salle, comme ils peuplent toutes les salles de classe où ils ont vécu. Comme je l’écris à la fin du livre « nous voulons pour eux qu’ils soient ce que nous ne sommes pas parvenus à être, immortels ». Le livre est d’ailleurs dédié à ma famille et à Sara, décédée la veille du bac, en 1995. Et aussi à Edouard Herriot – jamais je n’aurais imaginé, plus jeune, que cette figure historique prendrait une telle importance à mes yeux.
Interview de Monsieur Jean-Philippe Blondel :
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