Comment mettre en œuvre la co-intervention de façon à optimiser une action de formation ?
Certification d’aptitude aux fonctions de Formateur Académique
Académie de Reims session 2017-2019
Mémoire professionnel
Discipline : Génie Mécanique Option : MSMA
Titre : Comment mettre en œuvre la co-intervention de façon à optimiser une action de formation ?
Auteur : COLLARD David
SOMMAIRE
II. LA CO-INTERVENTION POURQUOI FAIRE ?
A. Pour répondre à un besoin de l’institution
B. La co-intervention en formation
C. La co-intervention en formation une plus-value mais aussi des écueils
1. L’écrasement des participants
2. Le risque de non consensus des deux animateurs :
3. Le risque de frustration d’un animateur
4. Le conflit non dépassé entre animateurs
5. Le risque d’inutilité ou d’inutilisation partielle d’un animateur.
6. L’attitude et le comportement des animateurs
III. Partie 2 : EXPERIMENTER LA CO-INTERVENTION ?
A. Les fiches bilans de fin de formation
B. Analyse des fiches : Synthèse
C. Optimisation des indicateurs
IV. Partie 3 : QUELLES STRATEGIES ADOPTER POUR OPTIMISER LA COINTERVENTION ?
C. Une co-intervention pour les élèves, au bénéfice des élèves
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner ma gratitude.
Je voudrais dans un premier temps remercier, messieurs Delpuech Dominique (IEN) et Dupont Thierry (IA-IPR EVS) pour leur accueil et confiance, au sein du dispositif ES&ST et GACS. Et monsieur Bridoux Didier (Aide à la coordination ES&ST) pour son accueil, accompagnement dans mes premiers pas de formateur de formateurs et tous les conseils prodigués.
Je remercie également tous mes collègues enseignants, formateurs, animateurs, apprenants et élèves pour leurs échanges fructueux et avec lesquels j’ai et ai eu, le privilège de travailler.
Enfin, je tiens à témoigner toute ma gratitude à ma compagne et mes deux enfants à qui j’ai sacrifié des moments de complicité, d’attention et de temps.
Et une pensée toute particulière pour mon père…
I. INTRODUCTION
Je suis enseignant au lycée Jean Baptiste Clément « Lycée des métiers de l’automobile et de l’industrie » sur le site de Vivier au Court dans les Ardennes, j’interviens auprès de classes de BAC PRO MEI (Maintenance des Equipements Industriels), CAP CIP (Conducteur d’Installations de Production) et Mention Complémentaire MIOP (Maintenance des Installations Oléo hydrauliques et Pneumatiques).
Par ailleurs, je suis formateur de formateurs au sein du dispositif ES&ST (Enseigner la Santé et la
Sécurité au Travail) de l’académie de Reims sous la responsabilité de Monsieur Delpuech Dominique (IEN). Ainsi qu’animateur au sein du GACS (Groupe Académique Climat Scolaire) sous la responsabilité de Monsieur Dupont Thierry (IA-IPR EVS).
L’objet de mon mémoire portera sur la co-intervention et plus particulièrement sur :
Comment mettre en œuvre la co-intervention de façon à optimiser une action de formation ?
Cette problématique suscite en moi une interrogation approfondie, après avoir encadré un certain nombre d’actions de formation, notamment en synthétisant les fiches bilans de fin de formation. Je me suis donc demandé s’il était possible de mettre en place une « démarche » pour optimiser une action de formation en co-intervention.
Il n’y a rien de plus frustrant pour un apprenant que de participer à un stage et que les objectifs et conditions attendus ne soient pas atteints.
Je m’appuierai dans un premier temps sur mon expérience de formateur et d’animateur dans différentes situations de formations et m’appuierai sur des recherches et un questionnaire élaboré pour tenter de proposer des hypothèses.
Dans un premier temps il serait intéressant de proposer une définition de la co-intervention.
La co-intervention est par définition une situation complexe car elle juxtapose ou peut juxtaposer : des acteurs différents, des rôles différents, des attentes et des visées différentes et des conceptions pédagogiques différentes [1] :
II. LA CO-INTERVENTION POURQUOI FAIRE ?
A. Pour répondre à un besoin de l’institution
Comme je vous le précisais dans mon introduction je suis enseignant en lycée professionnel, et avec la mise en œuvre de la nouvelle réforme du lycée professionnel à la rentrée prochaine, nous allons mettre en place la co-intervention dans nos enseignements.
J’ai eu l’occasion de participer à une réunion d’information sur la mise en place de la co-intervention et du chef d’œuvre (BO : n°2019-023 du 18-3-2019). Cette présentation a été réalisée par deux inspecteurs de l’éducation l’un pour la discipline générale et l’autre pour la discipline professionnelle.
A l’issue de cette intervention, mes collègues de LP se sont interrogés sur la manière de mettre en place cette « nouveauté », comment faire, avec qui, pourquoi le faire… ?
Ayant moi-même réalisé et participé à des formations en co-intervention, j’en connais un certain nombre d’avantages mais aussi d’écueils.
En me projetant dans une posture de futur formateur académique, je pourrais répondre à une demande de l’institution pour encadrer ce type d’action de formation.
D’autant qu’il existe des dispositifs « similaires » dans le premier degré avec les dispositifs « plus de maitres que de classes » ou bien les CP dédoublés...
Dans le second degré en collège et lycées (avec l’EGLS, le PPCP, l’AP…)
B. La co-intervention en formation
Je vous indiquais également que j’étais formateur de formateurs au sein du dispositif ES&ST, j’ai encadré un certain nombre d’action de formation notamment en Monitorat SST (Sauveteur Secouriste du Travail), Monitorat PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique) et ES&ST (Enseigner la Santé et la Sécurité au Travail).
Des actions de formations ont été dispensées en co-intervention avec un collègue formateur de formateurs du dispositif. Pour la plupart en présentiel sauf pour la formation ES&ST sous format hybride (ou nous étions regroupés au GIP à 5 formateurs de formateurs pour l’assistance du parcours sur a href="mailto:M@gistère""M@gistère).
En ce qui concerne le dispositif GACS (Groupe Académique Climat Scolaire), la totalité des formations s’est déroulé en présentiel, avec en moyenne 3 à 4 intervenants.
Nous sommes intervenus en collège sur la thématique « gestion de conflit » et également en lycée professionnel sur la thématique « climat scolaire ».
Je souhaiterais pouvoir me référer aux approches que je pratique ou que j’ai eu l’occasion de d’expérimenter dans les formations en co-intervention et ainsi faire émerger les avantages de la co-intervention.
Cela permet de mieux remplir plusieurs rôles à la fois.
Par exemple, que les deux animateurs se répartissent les rôles : ainsi l’un pourra tenir le rôle d’animateur pendant que l’autre tiendra le rôle d’observateur du groupe.
Et en assurant ainsi plusieurs rôles à deux, la co-animation permet de mieux remplir les fonctions de l’animation, et en particulier de : « Mieux organiser et favoriser la remontée de l’information dans le groupe, organiser le travail, faire s’exprimer et percevoir mieux les besoins et attentes… » (VIAL Guy[2])
Cette répartition des rôles permet de mieux utiliser certaines techniques pédagogiques : plus particulièrement : Les jeux de rôles, les jeux, les simulations, exercices, études de cas… Techniques que je mets en œuvre dans l’ensemble de mes formations en ES&ST.
Ainsi, les fonctions à assurer étant plus variées (animateur, opérateur…) et simultanées, la qualité du travail est plus grande.
La co-intervention permet d’enrichir et d’élargir le contenu du stage
Avant le stage :
Par le travail en équipe, on peut arriver à un meilleur résultat qu’individuellement. C’est d’ailleurs le cas avant chaque mise en place de formations nous nous réunissons en groupe de travail pour fixer les objectifs, réfléchir sur les contenus, les méthodes à adopter, lister les freins, les leviers…
Durant le stage :
Il sera plus riche quant aux idées, opinions, approches, points de vue, réactions, réponses données…
Il faut quand même à cela s’interroger sur les types de formations où la co-intervention est particulièrement adaptée :
- Lorsque la formation embrasse des champs de compétence différents ou est d’une grande complexité c’est notamment le cas de la formation « climat scolaire » en particulier lorsque sont abordés les 7 facteurs interdépendants sur lesquels il est possible d’agir pour améliorer la réussite scolaire, le moral des élèves et des enseignants, pour réduire les inégalités et faire baisser la victimisation.
- Quant il comporte un grand nombre de participants ou lorsque le public est très exigeant ou difficile, j’ai pu expérimenter cette situation lors de la formation « gestion de conflit » dans un collège ou le nombre de participants était de 26 personnes dans une ambiance relativement tendue et une configuration de salle peu propice à une mise en réflexion collective.
- Lors des stages expérimentaux ou réalisés pour la première fois. Quand j’ai rejoint le dispositif ES&ST j’ai eu la chance d’être accompagné par un collègue formateur de formateurs pour chaque formation de monitorat, et ceci sur la durée totale de chacune d’elle, à savoir pour une formation de moniteur SST 8 jours, moniteur PRAP 5 jours et ES&ST : 5 jours.
Pour qu’une formation soit de qualité, il faut également savoir à quel public s’adresse la formation : UN ADULTE.
Cependant un adulte n’est pas un enfant, il n’apprend pas comme tel. On ne peut pas transposer les méthodes scolaires classiques issues le plus souvent d’un courant traditionnel de la pédagogie que j’applique en direction de mes élèves dans ma mission d’enseignant.
L’adulte possède un vécu professionnel, personnel et social, il a la maturité que n’a pas forcément un lycéen ou étudiant, il a ses contraintes et ses responsabilités.
Je reçois en formation des adultes qui ont pour certains émis le souhait de participer à un module de formation et parfois des adultes qui n’étaient pas volontaires. (Car souvent désignés par leur responsable), ce qui me place parfois dans des situations relativement inconfortables.
A moi de susciter chez eux le désir de s’intégrer à la formation, de percevoir les bénéfices, les plusvalues qu’ils pourraient recevoir du stage que je propose.
J’ai pu constater depuis que j’encadre des actions de formation, que les adultes ont une forte résistance face à une méthode pédagogique « classique » telle qu’ils l’ont vécus dans leur scolarité.
En effet, les apprenants adultes n’hésitent pas à mettre la parole du formateur en doute ainsi qu’à la mettre en perspective par rapport à leurs propres expériences, ce que fais beaucoup moins une classe d’élèves.
Il convient donc de comprendre dans quelles conditions un adulte apprend pour optimiser la formation. Je vous propose une représentation « des 7 conditions d’apprentissage d’un adulte » d’après WILLAIME. F[3]
Par ailleurs, Roger Mucchielli [4], mentionne dans son ouvrage « les méthodes actives dans la pédagogie des adultes ». Plus l’adulte agit, plus il apprend. L’adulte doit avoir à sa disposition, après la formation, les moyens et les modes d’emploi pour continuer seul son apprentissage.
Pour David Kolb[5], le processus d’apprentissage d’un adulte, passe par ce qu’il appelle « le cycle de l’apprentissage expérientiel » dont vous trouverez la représentation ci-dessous.
Il précise que s’il faut retenir quelque chose de ce cycle, « c’est que l’adulte a besoin d’expérimenter pour se rendre compte de la viabilité d’une nouvelle compétence ou idée ».
De plus, et pour bien comprendre le processus, il évoque que l’apprentissage est complet seulement lorsque ces quatre phases sont vécues.
C. La co-intervention en formation une plus-value mais aussi des écueils
Il serait utopique de penser que la co-intervention ne puisse être que bénéfique pour les apprenants et les formateurs, qui dit co-intervention dit intervention à plusieurs.
Je proposerai en page suivante liste d’écueils sans les classer hiérarchiquement. Je m’appuierai dans cette partie de mon expérience de formateur et / ou d’apprenant et exploiterai par la suite les retours du questionnaire réalisé sur google Forms
1. L’écrasement des participants
Cela étant dû principalement à la prise de parole trop fréquentes ou trop longues de la part des animateurs. Nous avons une « fâcheuse » tendance dans notre fonction d’enseignant à « parler beaucoup » et ne pas laisser beaucoup de place à la parole du public. Et c’est pourtant en participant à un stage qu’un apprenant doit avoir la possibilité de s’exprimer.
2. Le risque de non consensus des deux animateurs :
Il m’est arrivé de vivre en formation en tant qu’apprenant une situation ou les deux animateurs n’étaient pas d’accord sur un sujet.
Cependant, ils n’ont pas tenté de « feutrer » ce non consensus. Une forme de malaise s’est installée lors de cette séquence du stage.
On peut remarquer cependant que lorsque les animateurs se font l’avocat d’une thèse contraire et développent le débat, cela peut être constructif, le conflit d’idées peut permettre une progression dans la réflexion.
Mais cela nécessite une certaine préparation, que les stagiaires perçoivent et acceptent cette espèce de jeu, et qu’une synthèse viennent donner des clarifications nécessaires.
3. Le risque de frustration d’un animateur
Si l’un tient un rôle dominant au détriment de l’autre. En effet, lorsque j’ai été accompagné lors de mes premières formations, j’ai ressenti parfois l’impression de ne pouvoir m’exprimer quand je le souhaitais, bien évidemment mon co-intervenant étant très spécialisé dans sa thématique a souhaité apporter un maximum d’informations aux apprenants.
Je me suis senti frustré, j’ai tenté parfois d’occuper l’espace pour intervenir mais les tentatives ont été veines un certain nombre de fois.
D’où la nécessité d’un réajustement des rôles au cours du stage, en fonction de ce qui avait été prévu au départ. Lors des journées de formations suivantes nous nous sommes concertés et avons défini ensemble les moments de nos interventions, en faisant en sorte de me laisser davantage la parole.
4. Le conflit non dépassé entre animateurs
En ce qui me concerne, il n’a jamais été question de conflit entre animateurs, le fait d’être intégré au Groupe Académique Climat Scolaire, permet de laisser la place à chacun de s’exprimer et d’intervenir dans la thématique qui lui tient à cœur, cependant il n’est pas rare qu’un conflit bien géré puisse être une source de progression pour le groupe mais à l’inverse qu’un conflit mal géré aboutisse à un blocage du groupe.
5. Le risque d’inutilité ou d’inutilisation partielle d’un animateur.
Situation vécue en qualité d’apprenant lors d’un forum TICE lors du stage sur « la réalité augmentée », deux intervenants en co-intervention étaient chargés de nous présenter l’outil
« Reveal Studio », cependant l’un des deux intervenants n’a de cesse pris la parole et s’est souvent placé sur « le devant de la scène », laissant son collègue en retrait derrière son écran d’ordinateur.
6. L’attitude et le comportement des animateurs
Je mets un point d’honneur à faire preuve de bienveillance et avoir de l’empathie vis-à-vis des groupes que je reçois en formation ce qui me permet de savoir être tolérant, ouvert et accepter à priori leurs idées. En développant une attitude d’accueil, d’ouverture et même de remise en cause de soi, en sachant laisser agir le temps (une idée c’est comme une graine, il faut qu’elle ait le temps de germer pendant ou même après le stage). Développer un comportement de dépassement des divergences ou contradictions par la confrontation des opinions, par l’analyse de cas vécus en essayant d’utiliser ce qui est intéressant ou nouveau dans les idées des autres.
III. Partie 2 : EXPERIMENTER LA CO-INTERVENTION ?
A. Les fiches bilans de fin de formation
Les questionnaires post-formation (ou fiches bilans de fin de formation) visent à mesurer le ressenti des apprenants vis-à-vis de la formation suivie et à évaluer leur degré de satisfaction.
Ceci dans le but d’améliorer en continu l’organisation, la forme et le contenu de nos formations en permettant d’identifier d’éventuels dysfonctionnement et de dégager des axes d’amélioration, mais aussi de détecter des besoins d’apprentissage non couverts par la formation reçue.
Je vous proposerai deux fiches bilans Annexe 2 et 3 (pages 23 à 26). Et le questionnaire google Forms dans toute cette partie 2. Documents sur lesquels je m’apurerai pour tenter de proposer une optimisation de la fiche bilan pour une action de formation sur la co-intervention.
Il convient cependant de distinguer deux types d’évaluation :
L’une dite « à chaud » évaluation que je privilégie dans mes formations ES&ST, elle se réalise aux derniers jours de la formation et me permet d’obtenir un premier niveau d’appréciation sur le contenu pédagogique proposé, l’adéquation aux attentes, les supports utilisés, les méthodes et qualité de l’animation …
Il existe également l’évaluation dite « à froid » réalisée par exemple plusieurs jours ou semaines après la formation, celle-ci permet de mesurer l’utilisation de la formation dans l’environnement de travail généralement du professeur que j’aurai accueilli en formation, par exemple en monitorat SST pour connaitre sa mise en pratique, l’utilisation des connaissances acquises…
Cela me permet aussi d’améliorer la performance collective puisque que je garde une « veille » avec mon équipe de moniteurs quand la législation et/ou les documents de références évoluent. De même que si des apprenants ont des questions et/ou difficultés après la période de formation, je reste disponible pour leur assurer un accompagnement.
B. Analyse des fiches : Synthèse
Vous trouverez en annexe 2 et 3 (pages 23 à 26) deux fiches bilans de formation synthétisées par rapport aux retours des apprenants après avoir animé une formation sur la gestion de conflit : l’une au collège de Signy l’Abbaye avec un groupe de 26 apprenants et l’autre au collège de Bayard avec un groupe de 11 apprenants.
Il convient tout de même de préciser que ces formations, ont été réalisées dans des contextes différents, en termes d’effectif, de locaux et d’enthousiasme de la part des apprenants.
C. Optimisation des indicateurs
Après avoir réalisé un questionnaire sur google Forms, j’ai souhaité faire émerger les principaux effets indésirables de la co-intervention par les apprenants lors de leur formation. (Lien internet dans la rubrique Bibliographie)[6] et me permettre ainsi de réfléchir à proposer à mes apprenants de nouvelles fiches bilans sur la thématique de la co-intervention.
Voici les résultats du questionnaire pour 49 participants, certaines questions seront
suivies d’un constat :
IV. Partie 3 : QUELLES STRATEGIES ADOPTER POUR OPTIMISER LA COINTERVENTION ?
A. Fiches bilan à optimiser ?
En fonction des retours des fiches bilans de fin de formation et du questionnaire google Forms, je pense qu’il serait intéressant d’optimiser les fiches bilans afin de tenter de répondre au plus juste aux attentes des apprenants lors de stages.
En effet, en fonction des écueils et remarques je pourrai ainsi ajuster la construction de l’action de formation et ainsi me permettre de m’améliorer continuellement. C’est une première méthode d’expérimentation.
Reprenons, la synthèse de la question 4 du questionnaire en ligne :
Qu’est-ce qui vous a déplu dans le fait que cette formation se réalise en co-intervention ? (3 réponses maxi).
Réponses : Le temps de prise de parole de l’un ou des animateurs était trop long (pour 12 personnes)
Que vous ayez ressenti l’inutilité d’un animateur (pour 10 personnes) Que l’un des deux animateurs se sente frustré par la dominance (au niveau de l’expression, l’apport d’expérience) de l’autre (pour 8 personnes)
On peut en conclure qu’il est indispensable de travailler sur 3 axes pour permettre une remédiation sur des effets secondaires indésirables de la co-intervention :
Le premier axe : « le temps de prise de paroles trop long », il sera indispensable lors d’une prochaine action de formation de retravailler la chronologie et le découpage de la formation et surtout veiller à ne pas « trop » dépasser les délais prévus. Il serait également judicieux de mettre en œuvre un ou des codes qui permettent à l’un des animateurs d’indiquer à l’autre de penser à limiter ses propos.
Le second axe : « L’inutilité d’un animateur », dans ce cas il convient de s’interroger sur plusieurs plans.
Est-il utile d’avoir deux intervenants sur la durée totale du stage ou seulement dans un ou des moments de la formation ?
Le formateur est-il suffisamment qualifié et /ou préparé pour cette formation ?
La répartition des rôles est-elle équitable ?
Le troisième axe : « Que l’un des animateurs se sente frustré par la dominance de l’autre », il est indispensable dans la co-préparation de la formation que les intervenants se répartissent les thèmes sur lesquels ils sont les spécialistes. Ensuite après avoir réalisé plusieurs formations ensembles, les rôles pourront évoluer.
Pour synthétiser, il serait souhaitable de mettre en œuvre un protocole clair de co-intervention pour permettre de cadrer, de généraliser, d’évaluer et de pérenniser le dispositif.
B. Une co-intervention indispensable (quand on forme sur le thème de la co-intervention). L’effet miroir.
La co-intervention offre d’excellentes opportunités d’apprentissage pour les animateurs-apprenants. Notamment dans le cadre de formations à l’animation, les apprenants apprécient souvent de pouvoir s’exercer à l’animation en présence du formateur c’est souvent le cas dans les formations de monitorat PRAP et SST.
Pour reprendre à nouveau les propos de Roger Mucchielli[7] avec lesquels je partage la réflexion, la manière dont le formateur présente les activités du stage doit favoriser le volontariat et l’engagement du formé ; celui-ci peut faire part de son expérience sur la question traitée. Il est tour à tour enseignant et apprenant.
Il est également nécessaire d’adapter sa posture pour permettre à l’apprenant de se projeter dans son rôle futur.
En plus des avantages pédagogiques, une bonne co-intervention peut avoir des retombées bénéfiques et spécifiques.
Elle peut induire chez les participants et animateurs des changements d’attitudes et de comportements dans les domaines suivants.
- Une meilleure coopération entre les personnes
- Une remise en cause de soi-même
- Une ouverture d’esprit et l’accueil des idées des autres
- Créativité et recherche de solutions
- Un état d’esprit constructif - Diagnostic de situation
Et cela, et d’autant plus vérifié quand je donne l’exemple de ce que j’ai vécu moi-même.
C. Une co-intervention pour les élèves, au bénéfice des élèves
La réforme de la voie professionnelle pour les classes de CAP et BAC PRO, va pouvoir permettre de décloisonner les disciplines professionnelles et générales pour permettre aux élèves de donner du sens à leur formation, pour une meilleure réussite.
Cette réussite ne peut se faire que si les deux enseignants qui interviennent ont été formés pour mettre en place la co-intervention comme il est précisé dans le Vademecum [8]
Comme nous l’avons vu tout au long de ce mémoire et comme le Vademecum 9 le précise « La mise en œuvre de la co-intervention exige anticipation, coordination des acteurs et structuration dans le temps autour de quatre phases principales : Réflexion, Mise en œuvre, Evaluation, Formalisation ».
Il est également recommandé de former les enseignants à la co-intervention en particulier de l’enseignement général car ils devront anticiper, repérer les situations, activités et supports les plus pertinents pour mettre en œuvre les séances de co-intervention. Et également identifier les collègues du domaine professionnel avec lesquels ils assureront les séances.
Une fois le duo crée, il conviendra de mener une véritable réflexion sur la plus-value que doit apporter la co-intervention en faveur des apprentissages et les conséquences de mise en œuvre pédagogique.
CONCLUSION :
La réalisation de ce mémoire à partir de pratiques professionnelles vécues, m’a permis d’appréhender différemment la co-intervention. Mon expérience de formateur et animateur me forçait à croire que je possédais des notions solides sur les enjeux de la co-intervention, mais en parcourant les articles, extraits d’ouvrage, questionnaire, fiches bilans. Je m’aperçois qu’il me reste encore de nombreux concepts à découvrir et exploiter.
Chaque formation dispensée, est différente en termes d’effectifs, d’objectifs, de lieux, d’intérêt…Cependant je m’efforce avec passion et force d’apporter une plus-value à mes actions de formation.
Avec les éléments et constats développés dans ce mémoire, je pense pouvoir appréhender plus favorablement mes futures formations et expérimenter de nouvelles fiches bilans.
Ce travail de recherche a représenté un énorme investissement personnel et professionnel, vu mon cursus plus scientifique que littéraire, mais suscite en moi l’envie de vouloir poursuivre mes recherches et ouvrir ma curiosité sur des ouvrages qui traite de cette problématique et qui plus est, en lien avec ma fonction d’enseignant en lycée professionnel.
Je souhaite également de tout cœur, continuer à enrichir mes savoirs et mes savoirs faire en animant des stages en co-intervention dont les bénéfices sont riches. Comme le citait Marc Thiébaud [9] « de nombreux aspects sont à considérer au moment d’envisager une co-animation pour un groupe. Aucun d’eux ne permet à lui seul de décider de son utilité, il s’agit d’envisager leur configuration d’ensemble ».
Je ne suis qu’au début de mon apprentissage de formateur et je souhaite vivement pouvoir découvrir et exploiter tous les aspects de la co-intervention, au bénéfice de mes élèves, de mes apprenants et co-intervenants.
BIBLIOGRAPHIE :
Articles et ouvrages :
COSNARD Brigitte : formatrice ASH, UCP-ESPE de Versailles Argenteuil-13/10/2015
KOLB David : Experiential Learning 1984 Théoricien de l’éducation (Américain).
LES FICHES en lignes de la lettre du CEDIP Fiche n°67 : réussir une co-animation
MUCCHIELLI Roger « les méthodes actives dans la pédagogie des adultes »
THIEBAUD Marc : Co-animer un groupe d’APP : 1+1(2016)
VIAL Guy : INRS : La coanimation : avantages et inconvénients
WILLAIME F : IF Puissance Formation page 2/3
Liens internet :
Apprentissage expérientiel http://wiki.teluq.ca/wikitedia/index.php/Apprentissage_exp%C3%A9rientiel
Vademecum co-intervention : http://cache.media.eduscol.education.fr/file/fam_metiers_et_R_pedagogiques/32/2/Vade-mecum_cointervention_1081322.pdf
Conférence Co-intervention et co-enseignement
http://www.ien-argenteuil-sud.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Conference_cointervention_au_REP_JJ_Rousseau_d_Argenteuil-.pdf
Questionnaire crée sur google Forms
https://docs.google.com/forms/d/1a_xBuWfuPENvZQ8UfAShtkIrOfnOgte2pk9tkJvPLR0/edit
Textes officiels :
Référentiel de compétences professionnelles du formateur de personnels enseignants et éducatif, BO n°30 du 23 juillet 2015
Rénovation de la voie professionnelle (les modalités particulières de la co-intervention): BO n°2019-023 du 18-3-2019
ABREVIATIONS ET GLOSSAIRE
AP : Accompagnement Personnalisé
BO : Bulletin Officiel
EGLS : Enseignement Généraux Liés à la Spécialité
ES&ST : Enseigner la Santé et la Sécurité au Travail
GACS : Groupe Académique Climat Scolaire
GIP : Groupement d’Intérêt Public
LP : Lycée Professionnel
M@GISTERE> : Plateforme de formation continue
PPCP : Projet Pluridisciplinaire à Caractère Particulier
PRAP : Prévention des Risques Liés à l’Activité Professionnelle
SST : Sauveteur Secouriste du Travail
TICE : Technologies de l’Information et de la Communication
ANNEXES
[1] COSNARD Brigitte : Formatrice ASH, UCP-ESPE de Versailles
[2] VIAL Guy : INRS La coanimation : avantages et inconvénients
[3] WILLAIME F : IFPUISSANCE FORMATION
[4] MUCCHIELLI Roger : les méthodes actives dans la pédagogie des adultes
[5] KOLB David : Experiential Learning 1984 Théoricien de l’éducation (Américain).
[6] Questionnaire Google Forms
[7] MUCCHIELLI Roger : les méthodes actives dans la pédagogie des adultes
[8] Vademecum : Co-intervention (mettre en œuvre la co-intervention dans la voie professionnelle).
[9] THIEBAUD Marc : Co-animer un groupe d’APP : 1+1(2016)
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Étiquette(s) de repérage (mot principal)
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